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Retour d’établissements de santé sur la mesure de la qualité des soins, de la pertinence des soins et de l’expérience patient : Comment ? Pourquoi ? Pour qui ?

24 septembre 2018

Les annonces gouvernementales de la semaine passée viennent enrichir à la fois l’exigence et la complexité de la mesure de la qualité des soins.
Les évolutions des pratiques médicales, la pluridisciplinarité des prises en charges, les progrès en matière de recherche, mais également de technologie en santé font qu’il est de plus en plus nécessaire et légitime de s’interroger et d’interroger le patient sur la qualité des soins qui lui sont délivrés. Sans pour autant tomber dans les excès de complexité ou de simplicité en voulant créer une évaluation à la « Tripadvisor » de la santé. On imagine aisément que cela risquerait de créer un climat préjudiciable entre les professionnels de santé, les patients et l’administration.
Lorsque nous accompagnons des établissements de santé à la conduite de leur démarche de certification par la Haute Autorité de Santé, ou de professionnels lors de leur accréditation, une réflexion revient souvent « le fait que les conclusions sont rendues publiques sur Scope santé, nous obligent-elles réellement à améliorer notre fonctionnement ? » .
La réponse devrait être clairement Oui. Et pourtant si l’on se place du point de vue du patient et de son entourage, ce n’est pas ce qui ressort en premier. Pour le patient, son souhait est que la stratégie thérapeutique mise en place améliore son état de santé sans être dommageable pour lui et pour l’institution.
Actuellement, les moyens de mesure mis à disposition des professionnels et des patients, ne répondent nullement à cette question.
Trois dimensions doivent être abordées et évaluées lors de la mesure de la qualité des soins : la première vient d’elle-même, c’est l’évaluation des structures de soins (établissements, services….) ; la seconde relève des processus de soins et enfin la troisième part des résultats obtenus pour le patient (le service médical rendu au patient).
La première dimension est facilement mesurable et qualifiable car concerne des ratios tels que le nombre de personnels soignants, de lits d’hospitalisation, de places en ambulatoire, de l’hôtellerie … Les ratios fournissent des informations relatives à la prise en charge mais nullement à la sécurité du patient à proprement parler.
La seconde dimension mesure les processus de soins, ce qui revient à évaluer la conformité de la prise en charge face aux recommandations de bonnes pratiques.  En termes ministériels, cela revient à mesurer les pertinences des soins, des actes et des traitements.
Aujourd’hui, cette dimension n’est étudiée que de façon déclarative lors des procédures de certification ou d’accréditation. Or, lors d’études approfondies de dossiers en Comité de Retour d’Expériences (CREX), en Revue de Morbi-Mortalité (RMM) ou d’audits de dossier patient, on s’aperçoit que des actes ont pu être réalisés de façon non justifiée en regard des recommandations, comme nous le montrent par exemple les études  sur les opérations de l’appendicite ou le recours à la césarienne programmée à terme (Atlas de la variation des pratiques IRDES).
Enfin, la troisième dimension apparaît comme trop rarement mesurée. Elle concerne le résultat de la prise en charge thérapeutique, tant dans sa dimension soins que dans l’amélioration de la qualité de vie du patient. Nous avons à disposition bon nombre d’indicateurs portant sur la qualité et la sécurité des soins. Suivre ces indicateurs devrait avoir de réelles vertus pour améliorer les prises en charge à condition que leur mesure reflète la réelle prise en charge et qu’ils soient co-construits avec les professionnels. Un simple taux ne reproduit pas les caractéristiques des patients, ni les caractéristiques de l’établissement (centre spécialisé, centre exerçant de façon récurrente la prise en charge) … Il conviendrait donc de créer un taux ajusté décrivant la réelle prise en charge et permettant à chacun, professionnels de santé comme patient, d’en comprendre la raison d’être et le SENS.
En conclusion, les enjeux pour les prochaines années sont bien la mesure de la pertinence des soins, et la mesure de la sécurité des thérapeutiques et des prises en charges.
Nous y ajoutons un autre enjeu celui de l’écoute et de l’expérience patient, car tous les indicateurs, toutes les mesures ne sauront jamais retranscrire le ressenti du patient après une prise en charge, or nos marges de progression sont également là.
L’équipe LBDA
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