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#4LePointSur : La pertinence des soins : oui, mais avec cohérence et confiance …

5 novembre 2017

Dans une interview au JDD du 22 octobre 2017, le Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a livré une donnée qui a retenu l’attention de tous : 30% des dépenses de l’assurance-maladie ne seraient pas pertinentes. Pour cela, Mme le ministre propose la création de modes de tarification centrés sur la pertinence des soins, récompensant les établissements les plus vertueux. Dont acte.
Pour mémoire, en 2012, Don Berwick, dans un article de la revue JAMA (Journal of the American Medical Association) a essayé de chiffrer la notion de gaspillage dans le  système de santé nord-américain, et il évoquait entre 20 et 34% de dépenses inutiles à l’époque.
Il y distinguait également 6 axes d’évolution pour maîtriser la dépense :
•       l’amélioration de la qualité des soins et la prise en compte de l’actualisation des connaissances des acteurs de la santé ,
•       l’amélioration de la coordination des soins,
•       la diminution des actes inutiles,
•       la réduction de la complexité administrative,
•       la détermination du juste prix des soins,
•       et la lutte contre la fraude.
C’est sans aucun doute par l’activation simultanée de ces différents leviers que nous pourrons faire les réformes nécessaires pour le système de santé français.
Mais pour relever ce défi que seront avant tout la qualité-sécurité et la pertinence des soins, les établissements de santé doivent promouvoir trois attitudes, qui nous semblent indispensables :
•       Du pragmatisme : L’ensemble des acteurs du soin et des soins doit être associé à la définition des critères d’évaluation de la pertinence. Cela vaut tant au niveau national et régional, où les établissements ont été « déçus » par les dispositifs opaques et peu motivants tels que le CAQES ; Mais également au niveau de l’établissement, où il s’agira de définir les critères de la pertinence de façon pluridisciplinaires et pluri professionnelles : Médicaux, para-médicaux, administratifs ensemble. Critères simples, pratiques et utiles pour tous les acteurs.
•     De la cohérence: Les injonctions paradoxales perturbent le fonctionnement non seulement des structures, mais également des équipes. Si nous prenons l’exemple du virage ambulatoire qui est une nécessité dans le financement du système de santé, il ne doit pas devenir une prise en charge à risque pour les patients et les soignants. Il ne doit donc pas être imposé mais accompagné financièrement et techniquement (via la diffusion des bonnes pratiques par exemple).
•       Du dialogue: la pertinence des soins doit se construire dans un dialogue avec les praticiens et les soignants. Les référentiels d’évaluation de la qualité et de la sécurité de soins sont élaborés avec les acteurs du soin et de la prise en charge. Il s’agit réellement de travailler en collaboration, en concertation et en confiance.
C’est le dialogue qui permet aux équipes de (sa)voir si elles continuent à être au service du patient et non pas de la procédure.
Pragmatisme, cohérence, dialogue, ces trois principes doivent guider la mise en œuvre d’une stratégie de pertinence des soins tant au niveau national que des établissements de santé.
Ces trois principes seront présents lors des 8iemes rencontres avec le témoignages d’établissements qui inventent et déploient leur stratégie de pertinences de soins et de parcours de soins ; mais également lors de nos accompagnements.
Le système de santé de demain se construit aujourd’hui avec tous les acteurs.